J’ai vraiment accroché avec le côté sombre de ce dernier opus de Marianne Clogenson : Mélodie sans paroles.

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Mélodie sans paroles

Alors que j’avais apprécié le côté mélancolique et délicat d’Un champ de coquelicot de Marianne Clogenson, j’ai préféré cet opus. Une histoire glauque reprenant plusieurs thèmes, quitte à les mélanger jusqu’à ce que le lecteur ne sache plus vraiment dans quelle case le faire entrer.

Le résumé

Les Olwan forment un groupe de musique qui fait fureur auprès des adolescentes. Au cours d’une tournée durant l’été 1982, Agnès, une prostituée qui a tiré sur l’homme de main de son proxénète, se joint au staff du groupe pour s’y cacher.
Sur fond de l’envers du décor du show business, s’engage alors une course poursuite où plusieurs destins vont se croiser : une tribu manouche, une jeune groupie, un flic ripou, deux enfants portant le même prénom et une bande de tueurs.
Entre histoires d’amour, secrets et rebondissements, Agnès parviendra-t-elle à échapper à son funeste destin et récupérer son enfant ? Anatole, le leader des Olwan, réussira-t-il à faire la paix avec son passé, trouver l’amour et l’inspiration nécessaire pour composer les paroles de cette mélodie qui devait se suffire à elle-même ?

Alors du coup, quel univers nous a concocté l’autrice ?

Ici, tout est plus dur, plus prenant, plus dérangeant souvent. Nous retrouvons un bon nombre de personnages (dont Marianne Clogenson nous fait une fiche en début d’ouvrage pour qu’on ne soit pas perdus 😉 ), avec chacun leur caractère différent. Nous verrons assez vite que l’intrigue va se concentrer principalement sur deux d’entre eux, mais ne laissera pas les autres de côté pour autant. Ils sont pour la plupart attachants et déroutants, par leur passif et leurs émotions décrites. Sans jamais s’attarder sur des détails qui pourraient très vite se montrer écœurants, l’autrice met en avant la dureté de leur vie.

L’écriture

Du coup, c’est d’une plume fluide, autant qu’elle est incisive et percutante, que Marianne Clogenson va nous propulser dans le monde de ce groupe de musique, les Olwan. Ce dernier se montrera très vite intrépide, promis à des soirées peu catholiques dans lesquelles tout ou presque est permis. Un monde très rock, sex and fun. D’ailleurs, attention aux âmes sensibles, car certains passages sont assez détaillés (non pas dans la description qui reste généralement assez généraliste, mais dans les situations en elles-mêmes). Il vous faut savoir que plusieurs thèmes autour du sexe seront abordés, de façon plus ou moins approfondie, dont celui de la prostitution et de certaines de ses coulisses.

L’intrigue de Marianne Clogenson

C’est en ça que j’ai été choquée et agréablement surprise (dit comme ça, ça fait un peu pervers…) de ce chamboulement dans les intrigues de l’autrice. Je suis passée d’un univers adolescent bercé de « belles histoires » que l’on peut conter de cet âge à… un décor sombre du début des années quatre-vingt, et de ce qu’on en connaît dans les grandes lignes. L’histoire bien pensée et bien menée nous plonge au cœur de ces mœurs, bien propre à certains milieux, qui nous renvoient en pleine tête les arrières de décor.

De fait, Marianne livre son histoire avec intelligence et sans jugement : une description relativement neutre, une histoire contée sans parti pris… Bref, un moment intéressant et non sans surprise.

Quoi d’autre ?

L’autrice a bien ficelé l’intrigue. On ne peut pas vraiment prétendre a beaucoup de suspense : le gros de l’histoire vous arrive assez vite en pleine face, et on se rend compte assez facilement des tenants et aboutissants. Mais, c’est sans compter sur deux trois rebondissements qui font plaisir 😉

De mon côté, cette dernière a su mêler une histoire de fond prenante, des tranches de vie intéressantes, des personnages attachants et une narration bien menée dans l’univers musical et d’un groupe en tournée. Beaucoup d’ingrédients qui, au final, ne laissent pas indifférent.

En conclusion

Vous l’aurez donc compris, j’ai passé un très bon moment de lecture, tout en apprenant à ne pas mettre d’étiquette sur un auteur 😉

Nous avons ici un livre vraiment prenant et une histoire qui fait froid dans le dos si on prend un peu de recul. De manière générale, on s’aperçoit malheureusement que, même s’il s’agit d’un roman, nous avons alors des choses qui ne sont pas inexistantes, et c’est effrayant. J’ai vraiment accroché avec cette façon de nous conter les choses sans insister de trop, sans nous mettre une tonne de détails « dégueulasses » au milieu… pour justifier le côté glauque. Même avec des situations qui ne laissent pas grande place à l’imagination, nous n’avons pas de gratuité dans les propos, c’est agréable, vraiment.

Quant à la fin, sans vous la raconter, je n’ai aucun mal à la qualifier de « parfaite ». Ni triste, ni heureuse… c’est la fin qu’on attend, celle qui se laisse voir au fur et à mesure qu’on tourne les pages, celle qu’on attend et qu’on appréhende en même temps, bref, celle qu’il fallait, celle qui est belle.

Ce que j’en retiendrai…

Du coup, on n’est toujours pas au coup de cœur pour ma part, mais on s’approche du sans fautes, et qui sait, peut-être bien le prochain ?! 🙂
Quoi qu’il en soit, je recommande cet ouvrage pour ceux qui n’ont pas peur de « faits divers » glaçants immergés dans un décor de poésie, chanson et amourettes. Un très agréable moment de lecture bercé d’une plume fraîche et sympa, sans prétention, à découvrir 😉

Bonnes lectures à tous ! 🙂

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