Crush

J’ai mis quelques jours avant de chroniquer cette dernière lecture, parce qu’il fallait chercher les mots pour la décrire. Elle ne fait certes pas partie de mes coups de coeur, mais je ne peux pas non plus la prétendre mauvaise. Du coup, mitigée, il faut peser tout ça pour faire le point et en déduire que ce livre, à défaut d’être mauvais, n’a pas trouvé son public auprès de mes petits yeux 😉

Vous voilà un résumé:
Matt, dix-huit ans, est passionné de foot et un véritable crack en latin. Il vit à Strasbourg avec sa mère et sa sœur et s’apprête à entrer en première année d’études sportives aux côtés de Fanny, sa meilleure amie et confidente. Les parents de Matt ont divorcé et ses choix universitaires sont loin de ravir son père, un redoutable avocat d’affaires qui s’est remis en couple avec la pétulante Cynthia. Au cours d’une soirée extravagante où l’a entraîné Yacine, le plus tchatcheur de ses potes, il fait la connaissance de Markus, un mystérieux artiste berlinois. Une rencontre aussi inattendue que déroutante qui va conduire Matt jusqu’au bord du précipice.

Nous découvrons ici l’univers de Matt, ce jeune homme au premier abord sans histoire, au passif un peu banal: enfant de parents séparés qui suit ses études avec ses amis. Élève de STAPS, il pratique un sport collectif, un de ceux qui se veulent souvent portés sur le machisme et l’insensibilité. Je vous laisse deviner les blagues et réflexions en tout genre retrouvées dans les vestiaires.

C’est dans ce milieu assez « conventionnel » et très bien mis en avant par l’autrice que Matt évolue et va découvrir sa sexualité dans son entièreté, avec tout ce qui en découle : les émois, les doutes, le questionnement non seulement sur lui-même mais aussi sur le regard d’autrui. L’idée est à mon goût très bonne, mais quel est le bémol, me demanderez-vous ? Je trouve que le sujet est justement un peu survolé.Entendons nous bien, j’ai apprécié l’écriture et le roman dans son ensemble, mais quelque chose est un peu tombé à plat de mon côté : des parents divorcés, c’est triste mais assez courant, voire trop pour y emmener une description superflue; mais la découverte de ses attirances lorsqu’on a 18 ans à peine ainsi que les troubles et les conflits internes que cela provoque, cela mérite d’être creusé. On ne se découvre pas comme on découvre l’autre, on est plus réceptif à ce qui nous arrive, une analyse plus profonde est menée et une réflexion est faite sur un aboutissement qu’on décide alors d’accepter ou de rejeter. Ici, je trouve que cette profondeur, cet ancrage, fait défaut, et c’est un peu dommage, surtout quand on voit jusqu’où Matt peut aller.

À coté de ça, ce qui est extrêmement bien vu justement, ce sont les différentes réactions de l’entourage, surtout celle de son amie Fanny : une réaction saine découlant d’une personne chère et qui est bien placée pour comprendre la situation. Sans tomber dans les mièvreries qu’on peut trouver ici et là autour du sujet ami/confident, on a ici une véritable aide complice pour Matt.

Le roman quant à lui est en deux parties bien distinctes: les études de Matt et sa vie d’adulte. Les deux parties se tiennent et l’évolution du personnage est sympathique. Nous découvrons un jeune homme plein de vie qui a réussi à obtenir ce qu’il voulait et ce dont il avait besoin. Malgré tout, il lui manque quelque chose, il le sait, le sent, et nous allons suivre sa quête du bonheur dans laquelle il va se lancer pour palier à sa routine du quotidien.

Même si là encore, un événement va être pour moi un peu survolé, l’ensemble est cohérent et l’histoire coule. Je pense que cet ouvrage, de par les sujets qu’il aborde et la façon dont c’est fait est parfait pour un public jeune. Des adolescents en manque de compréhension pourraient sans souci aucun s’y retrouver et prendre du recul face à leurs propres expériences. Vous avez donc là un livre frais, qui se lit vite, sans prétention, agréable vraiment, mais qui manque un peu de profondeur pour un public averti. « Un téléfilm de la 6 » bien écrit pour un moment de lecture sympa et, de surcroît, lâche quelques pistes sur des sujets qui peuvent toucher de près en restant encore aujourd’hui beaucoup trop tabou à mon goût.

De ce fait, je recommande cette lecture young adult dans laquelle se retrouvent mêlés humour, amour, tolérance et acceptation de la différence. Un bon bol d’air frais pour les amateurs du genre ! 🙂

Je profite de ces quelques derniers mots pour remercier Laurence Ackerby de m’avoir fait découvrir sa plume et son roman plein d’air frais 😉

Bonne lecture à tous !

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