A qui pensez-vous quand vous faites l’amour

Je referme le livre très particulier de Eric Costa que je découvre dans un tout nouveau style 😉 Co écrit avec Loránek Nikdo, nous avons là un quatre mains dans un domaine qui ne s’y prête pas forcément au premier abord.
Me voilà sortie, voire catapultée de ma zone de confort lors de la proposition d’Eric de traiter ce SP. À la fois drôle et frustrant, vous voilà le résumé de cette histoire surprenante :
Kostas Niemand, négociant en vins charmeur et insouciant, partage depuis trois ans la vie de Marie, beauté froide et altière qui ne semble plus attirée par lui. Il faut avouer, d’ailleurs, qu’il n’y a jamais vraiment eu de feu d’artifice entre eux. Aussi, lorsqu’Agathe, la plantureuse secrétaire qui fait fantasmer toute la boîte commence à lui faire de l’oeil, Koko doute plus que jamais.
Il est loin d’imaginer le tourbillon endiablé qui pourrait l’emporter…
Note des auteurs :
Nous tenons à prévenir celles et ceux qui ont connu Eric Costa à travers The Prison Experiment ou Aztèques que ce roman est différent de ce à quoi ils sont habitués.
Nous avons choisi d’explorer le registre des relations sous un angle original, de manière légère et, nous l’espérons, avec humour.
Nous tenons toutefois à vous prévenir que certaines scènes sont susceptibles de choquer un public non averti.
Nous vous souhaitons bonne lecture.

Qu’en dire ? En effet, il y a de la surprise, de l’inattendu. Dans un premier temps, si on connaît les autres ouvrages de M. Costa (qui diffèrent totalement), et dans un deuxième temps, dans l’écriture en elle-même. Pour ma part, j’ai ressenti ce format de quatre mains… une discipline certes compliquée, mais aussi intéressante. Elle donne un « vivant » supplémentaire au récit. En quoi ici ? on passe d’une plume fluide, quasi poétique qui donne des élans d’érotisme à une plume acérée, incisive, qui va droit au but, à la limite du porno. Au delà de l’intrigue, ce switch est intéressant, vraiment. Quoiqu’il en soit, le travail des auteurs pour « lisser » leur écrit est top, car ils se complètent dans leurs différences, et le mélange est tel que je ne saurais donner un passage exact où les mains se sont échangées (sans mauvais jeu de mots 😉 ). Bref, un travail intéressant et surtout bien mené, bien joué !

L’intrigue, quant à elle est particulière. Elle est contée à tellement de niveaux différents qu’elle en est parfois drôle, parfois vexante, parfois intrigante, mais toujours, je dis bien toujours très « juste ». Je m’explique : au premier plan, nous avons quelque chose d’assez banal, un couple qui tombe dans la routine, s’étouffe dans son quotidien et en perd l’essentiel. L’impression de devenir colocataires, la perte d’envie de se retrouver, de même que la perte de libido… un homme qui cherche à allumer une flamme des ébats des premiers jours, et une femme qui cherche à s’en éloigner de plus en plus. Bien évidemment, le verdict tombe et chacun se réfugie dans son silence et trouve des activités pour palier à la solitude. Kostas, lui, trouvera une activité plus que sportive pour retrouver caresses et attention dont l’absence le fait souffrir.
Ce livre, c’est cette idée, celle d’aller chercher ailleurs ce qu’on ne trouve pas ou plus au sein de son couple.

Alors oui, l’intrigue manque quelque peu d’originalité au premier abord, mais pas la façon dont elle est donnée. Nous avons un Kostas tout fou, qui pousse les clichés à leur paroxysme. On est toujours balancé entre une « simple histoire de fesses » qui va au fil des pages, devenir de plus en plus crue, obscène, mais surtout, de plus en plus régulière et fréquente. Nous passons donc dans un deuxième degré du récit. Un degré qui nous montre que, en tant qu’humain, nous avons des besoins et des envies qu’on ne peut que combler au minimum si on ne veut pas se perdre. Que ces envies là font partie de nous. Même si la façon d’y parvenir peut changer, il faut avouer qu’ici, la justesse des faits est prenante. Un couple qui s’éloigne, qui se rend compte qu’il n’est pas fait pour durer, mais une situation claire dont rien ne ressort. L’amour étant peu à peu devenu une habitude ne s’exprime plus et l’ennui s’immisce avec le mensonge, premiers ennemis des amants. Petit à petit, certes, mais n’est-ce pas souvent le cas ? (Là encore, le thème est poussé et va loin… 😉 )
La tentation quant à elle est là : la collègue sympa qui a le même besoin de son côté…
Bref, tout y est.
Mais alors du coup, où est-ce que ça change ? Dans la forme, car le fond est intact. Nous avons un protagoniste qui va littéralement péter un fusible, et ce toujours plus fort et plus vite. Ce qui pourrait ressembler à une simple aventure devient une escalade de situations plus folles les unes que les autres : nous avons une avalanche de « styles » et « fantasmes » qui nous tombent dessus sans crier gare. De la petite secrétaire sage qui devient chienne à la femme en manque qui a des délires masochistes, de la jeune étudiante à la femme au foyer… nous avons toute une palette de femmes et de possibilités qui s’ouvrent à nous (ou à Kostas).

Alors oui, ce livre, il faut avoir un public averti, ne pas le glisser discrètement entre les mains de n’importe qui. Il est à la fois choquant, excitant, drôle, morbide… De la ménagère esseulée (et oui, faut dire qu’on a là notre quadra sur le retour), à la femme qui cherche à s’épanouir dans différents domaines, en passant par l’homme un peu trop sûr de lui qui pense pouvoir exercer son machisme et ses multiples fantasmes un peu trop facilement, vous avez là un assemblage de plusieurs facettes qui vous laisse un goût particulier : on grince des dents, on détourne les yeux, on commence à compatir (tantôt pour lui, tantôt pour elle), on se dit que c’est tellement trop gros, trop « impossible à gérer » que ça en devient drôle et improbable. Un fond de vérité sur une forme cocasse de théâtre de boulevard +++

Toujours entre sourire et amertume, entre choc et réalité… ce bouquin, même s’il n’est pas du tout dans un domaine que j’affectionne à la base, m’a fait passer un bon moment de lecture. Et honnêtement, c’est jusqu’à la dernière page qu’on est surpris des différents rebondissements : la dernière ligne m’a littéralement fait éclater de rire.
Et oui, même si comme je le disais l’intrigue est un chouia banale, que ce soit le récit ou sa chute ne le sont pas.
Si la sensibilité et parfois même la vulgarité ne vous freinent pas, allez-y, vous trouverez certainement ici un p’tit bonheur qui oscille toujours entre humour et fatalité, car la vie est ainsi faite, les tromperies ont toujours été et seront toujours, peu importe au final qui les provoque 😉

Bonne lecture à tous !! 🙂

 

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