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Chroniques thriller

…Et avec votre esprit

Un résumé ? En veux-tu en voilà 😉
Appelée d’urgence à l’Institut des sciences de Strasbourg à la suite de la découverte du cadavre atrocement mutilé du prix Nobel de chimie, la commissaire Pourson se retrouve confrontée à une scène de crime aussi sanglante qu’énigmatique…
Au même moment, dans la région lyonnaise, le lieutenant Vairne, connu pour ses méthodes peu orthodoxes et son obsession des probabilités mathématiques, doit enquêter sur la disparition d’un éminent physicien. Mais chaque nouvel indice épaissit le mystère autour de cette affaire et le convainc peu à peu d’une conspiration sans précédent.
Quelle probabilité pour que ces deux affaires soient liées ? Une certitude, Pourson et Vairne vont devoir s’allier pour le découvrir.

Que dire de ce livre, sinon qu’il est excellent ? Vous, ceux qui me lisez plus ou moins régulièrement, vous savez que j’aime bien titiller, trouver LE petit point noir qui fera l’imperfection de ma lecture… Bah là, j’ai beau triturer, je ne vois pas.

En plus d’une originalité sacrément bien pensée, il faut dire que l’intrigue est menée d’une main de maître et trompe le lecteur au moins tout autant que l’équipe de police. Cette compétence à nous malmener avec autant de facilité, elle est aussi belle que sournoise : je ne sais pas si je dois remercier l’auteur ou le détester, mais soyons clair, j’ai pris un plaisir énorme à lire ses quelques 460 pages… Que dis-je, je les ai bouffées !

Commençons simplement. La plume est fluide, des phrases longues mais dynamiques dans la narration apportent un gros plus à la construction du récit : les descriptions sont incorporées dans l’action. Ça donne un sacré rendu avec des chapitres sans fioritures, pas de blabla, tout en prenant soin de ne jamais nous laisser en manque de détails. Personnellement, chaque intervention, chaque hall, chaque salle d’attente… je m’y voyais. Je côtoyais de même l’ambiance étrange de la péniche de Vairne et adoptais son rythme de vie un peu « particulier ».

L’attachement aux personnages se fait, sobrement, petit à petit. On a un peu l’impression qu’on les aime bien (ou pas) malgré nous, sans vraiment en avoir pris conscience. Un peu comme dans le quotidien, au final, quand tu passes une bonne journée avec quelqu’un et que, lors d’une pseudo introspection en fin de journée, il te vient à l’idée que tu étais content d’avoir vu cette personne en particulier, comme si elle était « sous un nouveau jour ». Bien évidemment, cela ne dure pas des heures, mais tu vois le petit déclic qui se fait sur quelques secondes, à l’instant T ? C’est là que j’ai été surprise, quand j’ai ressenti ce petit truc qui m’a fait penser « oh non, pas elle » ou au contraire un « ah mais oui, tant mieux » alors que je tournais les pages et que je me sentais tellement prise dans l’intrigue que je voyais les personnages comme anecdotiques (en oubliant quelquefois jusqu’à leur nom)… Que nenni l’ami, ils sont bel et bien présents, que tu le veuilles ou non 😉
Cette présence est soulignée plus par des dialogues, des mises en situation, des « réflexes » assimilés au langage corporel… Bref, là aussi, la description est assez minimaliste et l’imagination du lecteur prend plus de place pour imager les protagonistes que la plume de l’auteur, et c’est top.

L’intrigue quant à elle, elle est vraiment bien ficelée. Alexis nous plonge dans son univers de façon assez lente (mais super intéressante), nous avons une véritable mise en place. Une fois qu’on se plonge sur cet échiquier, il est difficile de s’en défaire. J’ai littéralement dévoré les pages où l’ambiance s’assombrissait à petit feu. Débutant par quelques descriptions de scènes, de situations, on entre doucement sur une pente où la plume nous perd un peu. On se doute bien qu’il y a un lien dans tous ce qui nous est conté, mais on a du mal à voir lequel. Honnêtement, et très subjectivement, j’ai arrêté assez rapidement de vouloir voir le lien par moi-même, et j’ai laissé l’auteur faire le job. OMG, quelle bonne idée. Évidemment que c’est ce qu’il faut faire, car il nous mène tranquillement vers le fameux lien, celui qu’on pourrait supposer, mais qu’on ne voit pas. Et comme le chemin est agréable, je me suis laissé berner, comme une bleue 🙂
Force de retournements et de situations délicates, l’embrouille s’invite à la partie et les rebondissements s’accroissent. De faux pas en mauvaises décisions, l’enquête piétine et c’est jusqu’aux dernières pages qu’on est convaincu qu’un scénario capillotracté se tient. Bref, jusqu’au bout, j’aurais été relativement surprise, et j’ai apprécié ça 😉

La toile de fond, entre coup de bluff, humour (parfois grinçant), coup de gueule et coup de foudre… L’auteur fait un coup de maître et donne vie à ses personnages, même secondaires, par un esprit qui se veut parfois critique, et un caractère souvent bien trempé. Chacun a ses particularités, rien n’est négligé.
Vous l’aurez compris, s’il doit y avoir qu’un coup de cœur pour mes lectures du mois (ce que je ne souhaite pas forcément), il sera cet ouvrage. Flirtant avec la perfection, j’ai vraiment aimé me perdre dans les réflexions de Simon, me poser des questions avec Marion (souvent prise en étau entre sa façon d’être et le comportement que lui « impose » son statut), sourire au cynisme de Canelle et lui envier son sang froid… Tout autant de choses qui rendent ce livre très efficace et très humain.

Même si je ne saurais vous dire la véracité des propos (parce que je n’y connais pas grand chose, j’en conviens), il est important au vu des remerciements de rendre compte du travail de recherches exécuté par Alexis. Du coup, vous vous doutez bien que je ne vais pas m’éterniser plus pour vous le conseiller, vivement ! Un thriller haletant qui, grandement souligné par la plume, maintient un rythme prenant de la première à la dernière page 😉

Bonnes lectures !

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