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Chroniques thriller

Criminal loft

Ce bouquin est une véritable mine pour ceux qui chercheraient un peu de frissons… Tant par son intrigue que par tout ce que cette dernière dévoile sur ce lieu un chouia maudit qu’est Waverly Hills.

Pour vous donner une petite idée, vous voilà le résumé:
Un lieu : le sanatorium de Waverly Hills, dans le Kentucky, aux États-Unis. Entre ses murs doit se dérouler le show de TV-réalité le plus extrême de l’histoire. Huit tueurs y sont enfermés, prêts à tout, surtout le pire, pour convaincre des millions de spectateurs qu’ils méritent de vivre. Leur destin est suspendu à l’envoi d’un simple SMS… Entres psychopathes un ordre froid s’établit. Jusqu’à ce qu’un corps soit retrouvé sans vie dans la chambre 502, où pourtant personne n’avait le droit d’entrer…
Préface de Laurent Scalese
À l’heure de la transparence, où nous vivons en live, on line et par écrans interposés, Armelle Carbonel interroge notre monstruosité. Peut-on éliminer un homme, quel qu’il soit, d’un simple SMS ? Net, lipide et palpitant, Criminal Loft est un véritable page-turner.

Alors, je ne vais pas mentir, comme j’avais lu il n’y a pas si longtemps Urbex Sed Lex, je me suis dit « pfffff encore un du genre urbex, sanatorium… proposé sous une autre forme, mais dont le fond me semblait similaire. Oui, il y a du déjà vu dans ces intrigues huis-clos où l’on se retrouve au milieu de personnages enfermés (peu importe la raison) avec un criminel au milieu, blablabla. ET PUIS… il y a Armelle. Cette autrice dont la plume assassine va réellement vous plonger dans des lignes angoissantes en faisant jouer les descriptions physiques des lieux et des actions, en simultané, sans fioritures, et avec une fluidité qui laisserait entendre qu’elle décrit ce qu’elle voit (ce qui vous fait voir ce qu’elle écrit, ça va de soi).

Bref, du coup, comment un livre avec du « déjà vu » peut-il autant bouleverser ? Oui oui, je dis bien bouleverser. Croyez-le ou non, je viens de passer 24h à fouiller les méandres d’internet pour trouver des indices sur ce lieu peu banal et, ô god, plein, mais alors plein de reportages, d’écrits, de photos, de vidéos se cachent plus ou moins bien sur le sujet. Certaines moins sérieuses/ bien faites que d’autres, il semblerait que, quelles que soient vos croyances, superstitions… (oui oui, même celui ou celle qui affirme que c’est des conneries – moi, entre autre 🙂 ) finira par trouver une sorte de malaise imprégnant en entrant dans les couloirs de ce sanatorium du Kentucky.

Dans un premier temps, les personnages. On se rend compte du travail de l’autrice sur ces derniers en ce sens qu’ils sont tantôt hommes, tantôt bêtes. Un savant mélange de style pour montrer qu’avant d’être des monstres prétendants au couloir de la mort, ils sont une partie du genre humain. Ça fait peur, ça fait mal, mais ça rend les événements tellement crédibles que c’en est bon, très bon. Sans m’attacher spécialement à l’un ou l’une d’entre eux, j’ai apprécié la manière dont leur comportement et leur esprit critique se sont montrés complexes et intéressants. Nous avons dès les premières pages des hommes et des femmes déterminés, intelligents, magouilleurs parfois, mais toujours dans la recherche et la tromperie, comme s’il devait y avoir de l’esthétique dans la chute de l’autre. On ne sait plus si les gestes sont alors dirigés par instinct ou par pure sournoiserie.

L’intrigue, je ne vais pas vous la refaire, elle est assez simple : huit condamnés, deux matons, un public qui choisit en fonction de ses « affinités » qui doit vivre ou mourir… Un loft story dont l’enjeu est un peu plus dur. Vous avez en clair une bonne partie de l’intrigue… dans le titre 😉
Là où c’est intéressant, c’est qu’elle est menée d’une main de maître : vous avez dans ces quelques pages, des montées en tension qui valent grandement le détour. L’autrice prend un malin plaisir à nous donner des ascenseurs émotionnels, de grandes avancées qui feront mieux reculer, et tout ça pour se terminer avec un bel uppercut, ce dernier encore plus fort pour le personnage que pour le lecteur.
Dans cette intrigue, nous avons une description intelligente des protagonistes tout comme des lieux. La montée en tension est grandement due à cette dernière. Vous avancez dans les corridors et les sous-terrains de Waverly Hills avec ses otages. Les prisonniers étant les fameux otages, je vous laisse deviner. En plus de cette « élection » faite par les téléspectateurs, nous avons surtout les différents profils qui se mélangent pour ne laisser aucun doute sur les intentions présentes, qu’elles soient du public, des prisonniers, des matons… Une analyse profonde est faite sur le tout, que ce soit par une critique sociétale survolée, par des amalgames ou confusions faites sur les prisonniers entre eux, à la dangerosité du site, en passant par le dessein de la production.

Pour finir sur la plume, elle est fluide tout en étant très incisive. En plus d’être cinématographique, elle laisse place à des mots fins, châtiés pour décrire toute l’horreur du lieu. Nous plongeons indéniablement dans le sinistre, le glauque, parfois le gore, sous l’emprise de notre imagination ou faculté à visualiser ce qu’on lit. J’ai été tentée à plusieurs reprises d’arrêter ma lecture pour la remettre au lendemain et… oh, devinez… j’ai pas pu lâcher le livre. Bref, ça se lit vite et sacrément bien ! (à croire que je deviens cynique)

Du coup, je déterre cette pépite du bas de ma PAL pour l’avaler en quelques heures. Laissez-vous prendre au piège de cette histoire qui regorge d’anecdotes intrigantes et dont la lecture se fait tout en images. Je suis réellement ravie d’avoir croisé l’autrice lors d’un salon, car elle a su me conseiller en fonction de mes goûts et qu’elle est douée pour faire hérisser les poils du dos en mêlant aussi bien fiction et réalité sur une société qui se veut de plus en plus voyeuse… Je n’ai donc plus qu’à me jeter sur le suivant la concernant : Sinestra.
Un coup de cœur que cette histoire qu’on détestera adorer !

Bonnes lectures à tous 🙂

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