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Chroniques thriller

Wanda

C’est très mitigée que je ressors de cette lecture. L’ayant finie ce matin même, je n’étais pas en capacité de venir en parler, et ne suis pas sure de l’être encore maintenant. C’est bien la première fois que je ferme un livre qui m’a donné autant de ressenti contradictoire en une même histoire. Alors voilà… je tente 😉

Je vous laisse là le résumé :
Quand l’amour d’une mère s’estompe et s’efface,
Quand un père s’avère absent et lâche,
Tout peut arriver.

Quand la souffrance est votre seule amie,
Quand on n’a que la mort pour seul bagage,
On peut craindre le pire.

Je m’appelle Wanda, je vais avoir treize ans,
Aidez-moi !

Je ne compte pas ici vous raconter l’histoire, ce n’est bien entendu pas le but, mais il faut avouer qu’elle est complexe, belle autant qu’elle est moche, et surtout, elle est fluide. En revanche, c’est aussi cela qui m’a posé problème, et pour ma défense, je vous avez prévenus que ce ne serait pas très clair 🙂

Nous suivons donc Wanda, une jeune fille de 12 ans à peine et qui a déjà « trop » vécu. Une jeune fille au cœur meurtri tant par les remarques de sa mère que par l’absence de son père. On parle souvent de la violence physique sur les enfants alors qu’ici, l’auteur fait fort en nous parlant d’une violence morale et psychique. Les faits sont relatés par cette gamine qui a perdu tout espoir d’être un jour aimée à sa juste valeur et dont les actes vont devenir violents, tant par leur nature morale que par leur exécution.
En quoi est-ce « dérangeant » ? Dans l’idée. J’ai été chamboulée par cette jeune dont tous les actes et toutes les paroles d’une certaine virulence, dont les pensées relèvent parfois de la psychopathie alors qu’elle n’a que 12 ans. Pour ma part, l’impact n’a été que plus fort de ce fait : l’intrigue est crédible du début à la fin, vraiment, mais il s’agit d’une gosse. Comment peut-on être aussi torturé à cet âge ? Voilà ce qui m’a fait mal, de me rendre compte que c’est tout à fait plausible. Que oui, on peut n’avoir que 12 ans et des ressentis trop forts, tellement forts qu’on est prêt à tout pour trouver un exutoire, y compris l’indicible et l’impensable. Ça m’a fendu le cœur, et je me suis dit que ça pouvait être n’importe quel enfant, au final… Très prise dans l’intrigue en elle-même, j’ai dû relever les yeux à plusieurs reprises pour me dire qu’il ne s’agissait que d’un livre, mais est-ce vraiment le cas ? La douleur adolescente n’est plus une légende, et ce depuis longtemps, mais ici, l’auteur est troublant et pousse au paroxysme cet étrange sentiment. Bref, c’est beau, mais ça fait peur, vraiment peur.

Les personnages sont bien présentés, souvent au travers des yeux de cette jeune, ce qui les rend cruellement réalistes. On sent que chacun a eu une tranche de vie délicate, pour ne pas dire difficile, que les émotions sont à fleur de peau, et que la froideur avec laquelle elles sont reçues et très déstabilisante.

La plume quant à elle est juste géniale. Des phrases bien construites, extrêmement imagées. Des mots choisis qui se veulent percutants et qui ne laissent aucune place au doute dans les émotions ou les volontés des protagonistes qu’ils mettent en avant. Je voyais les scènes plus que je ne les lisais, et c’est bon, ça fait du bien (pas toujours ici 😉 ).
L’intrigue prenante et les chapitres courts nous donnent un rythme entraînant qui fait du livre un véritable page turner (oui oui).

Du coup, nous avons là une intrigue bien ficelée, pesante, pas avare en émotions et qui force l’empathie envers un personnage qu’on peut tout de même juger abjecte par moment (complexe, hein ?)
Une plume incisive, percutante, des mots pesés et un rendu très fluide. On retrouve dans les dialogues un mélange de logorrhées émouvantes et de brefs récits anecdotiques, tout ça, sans que ça ne choque à aucun moment. Ces derniers étant là pour appuyer tantôt des émotions, tantôt des récits de vie, tantôt des témoignages. Bref, encore un point fort qui rend les personnages humains, tout simplement.

Pour finir enfin, la couverture. Il est assez rare que je m’arrête sur cette dernière quand je parle d’un bouquin, et pourtant… Pourtant ici, elle a eu chez moi une importance capitale : vous la voyez cette petite gueule d’ange ? Ce regard qui en dit long et ce pseudo sourire calculateur (formulé de telle sorte qu’il est à peine perceptible) ? Cette bouille taquine ? À aucun moment vous ne vous douterez de tout ce qu’elle cache…

Alors voilà, je le conseille ce livre, parce qu’il donne le ton sur une jeunesse qui a grandi trop vite, qui se veut spectatrice d’événements de grands, qui, par l’absence de rêve et le rythme trop cadencé de nos vie, se veut détruite à petit feu au lieu d’être rythmée par de petits bonheurs simples : un peu d’attention et beaucoup d’amour.
Pour moi, ce livre a été une claque en ce sens qu’il nous montre que, autant notre passif nous est propre et nous renvoie à ce que nous sommes aujourd’hui, autant nous faisons des erreurs, parfois cruciales, sans même nous en rendre compte ou en nous disant que ce n’est pas si grave. Que ces erreurs sont terribles et ont un impact, qu’il faut se méfier, car cet impact est souvent beaucoup plus grand qu’on pourrait le penser.
ATTENTION donc, attention à la sensibilité de l’autre, attention à nos actes manqués, attention à la prise de conscience qui ne se fera souvent que trop tard… Attention à ne pas nous perdre et à garder en tête que pouvoir se regarder dans le miroir a son importance.

Je pense avoir fait le tour et pense que cette histoire va rester gravée, là quelque part. Qu’elle me fera repenser que la limite entre le bien et le mal n’est pas aussi épaisse qu’on le croit et qu’elle se veut très vite franchie à coup de perte de patience, de perte de sang froid, d’une envie de changement telle qu’on en perd l’adage que l’herbe n’est pas toujours plus verte à côté… Bref, prenez soin de vous et de vos proches 🙂

Je voudrais tellement en dire plus….
En vous souhaitant de bonnes lectures ! 🙂

4 réponses sur « Wanda »

Et bien ! On peut dire que pour une chronique, c’est une chronique. Je suis servi, entrée/plat/dessert/café, je me suis goinfré, empiffré de tes mots. Mille mercis, je suis très heureux que cette histoire et ses personnages soient parvenus à donner un sens à ce roman. ♥ Tu as touché du doigt de nombreux points qui me tenaient à cœur, j’en suis ravi.

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