Des ailes sous ma peau

Allez, pour se mettre dans le bain, on commence par le résumé :
Connaît-on vraiment la personne avec laquelle on partage son quotidien ?
Quand Lars retrouve Azel à Molenbeek, il n’imagine pas que sa vie va devenir une longue descente en enfer.
Seulement la belle et magnétique Azel cache un lourd secret.
Pourquoi est-elle en proie à tant de mal-être, de froideur ?
Mensonges, silences, non-dits, manipulations et addiction aux jeux vidéo, un cocktail qui va mener leur existence au chaos.
Un soir, quand Lars rentre du travail, Azel a disparu. La police ouvre une enquête après la découverte de traces de sang dans la maison et de preuves accablantes, Lars devient suspect.
Le commissaire Andriessen, au caractère abrupt et conservateur, et sa jeune collègue Ariane De Backer vont aller de fausses pistes en déconvenues jusqu’à la révélation finale.

Le synopsis en dit long, on fait pas mal le tour de l’intrigue à travers ses quelques lignes. On retrouvera dans le livre le déroulement de l’histoire à travers les yeux de plusieurs personnages. Cette narration aux multiples facettes est intéressante et très prenante. Tantôt les avis viendront de l’entourage, tantôt de Lars lui-même, tantôt des enquêteurs… c’est avec toutes ces empreintes apposées sur le scénario qu’il faudra, à vous lecteurs, tenter de résoudre l’enquête et de déchiffrer le mystère. Celui-ci est bien pensé, mais surtout bien amené. De multiples rebonds vont vous mettre sur la mauvaise piste, et c’en est très plaisant.

Du coup, le protagoniste, il court. Toute l’histoire se fonde sur un passé qu’il a laissé couler, un futur qu’il ne peut pas envisager et un présent plus que brouillon. Pris en étau entre une situation qui le dépasse et un enfant qui lui en veut, il ne sera jamais laissé en paix par la plume incisive de l’autrice qui met du cœur à l’ouvrage pour ne rien lui épargner. Autant dire que ce dernier n’est pas au bout de ses peines ni des accusations qui seront portées à son égard.
Les personnages, plus généralement, sont bien fouillés eux aussi. Il faut dire qu’on ne nous dit pas tout d’eux, qu’il n’y a pas de fioritures et qu’on ne tourne pas autour du pot, mais on sait exactement ce qu’il y a à savoir. Les descriptions de ces derniers sont éparpillées toujours au plus juste, à l’endroit où on va pouvoir se rendre compte du rôle de chacun et de son utilité dans le récit. Bref, les phrases sont courtes et percutantes, à l’instar des descriptions. On sait qui est où, qui fait quoi, et le tout est rythmé juste ce qu’il faut pour qu’on devine l’état des lieux sans s’ennuyer pour un sou.

Je ne peux pas promettre que ce soit la volonté de l’autrice, mais un point fort dans cette histoire : toucher du doigts les raccourcis légaux et judiciaires qui peuvent être faits à une grande vitesse (non pas forcément pour bâcler l’affaire volontairement) quand l’enquête s’y prête et que tout « roule ». Ici, on se rendra vite compte qu’il y a de la poussière dans les rouages et que tout n’est pas si simple. Le démêlement des événements prend alors une dimension complètement hallucinante, pour notre plus grand plaisir.

Le récit se développe sur trois grands axes : la jeunesses des personnages, dans leurs études, leur vie de « jeunes adultes » et leur vie actuelle, d’adultes un peu plus mûrs, parents pour certains… On virevolte sur ces axes sans jamais s’y perdre. La cohérence entre eux est bien vue et traitée de façon intelligente. De ce mélange des époques naît une contextualisation sur le long terme et, surtout, une crédibilité sans accroc du début à la fin. On comprendra donc assez rapidement la particularité de chacun et le suivi de l’intrigue est du coup très fluide. Entre la plume qui se veut concrète et mordante et le récit qui se veut fluide, nous avons donc une lecture rapide et prenante… tout ce qu’il faut pour un week-end 😉

Enfin, nous avons tout du long une ambiance particulière. Les proches de Lars, tous sous l’addiction des jeux vidéos, vont se trouver comme une sorte d’exutoire au quotidien, une deuxième vie qui leur échappe un peu moins que la première. Les plus jeunes, quant à eux, qui souhaitent exceller dans le domaines, sont d’autant plus pris au piège de cette « autre réalité ». Mais comme je vous le disais, le récit est intelligent, et ce n’est pas une simple dénonciation de cette pratique qui est faite ici, mais bel et bien une alerte… quelque chose qui va en découler, mais qui va nous laisser « sur le cul ». Oui oui, cette implication du jeu vidéo a ici une importance capitale, autre que la prévention contre les écrans… et, quelque part, ça fait du bien. On a ici tout plein de dangers qui rôdent : saurez-vous les reconnaître ? 😉

Je ne peux malheureusement pas en dire plus, on est ici au bord du spoil 😉

Je conseille vraiment ce livre dans lequel on retrouve une écriture limpide, des sujets troublants auxquels on ne fait jamais assez attention, une ambiance particulière (sans que je ne sache vraiment comment la définir), des personnages attachants et bien ficelés et, pour finir, une intrigue qui ne se relâche pas du début à la fin. Bref, un vrai bon moment !

Je remercie donc Chris Roy pour sa confiance renouvelée. Là-haut les anges avait déjà été un livre apprécié, mais là, on frôle le coup de coeur 😉

Bonnes lectures à tous ! 🙂

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