Storm (je suis la peur)

J’ai eu en ce jour la chance d’avoir reçu les épreuves non corrigées de ce thriller fantastique aux tendances assez sombres.

Vous voilà pour commencer un petit résumé : Une jeune peintre danoise, Storm débarque à Hambourg pour commencer une nouvelle vie. Il n’y a que dans un autre pays qu’elle pourra fuir les souvenirs d’un père abusif, le sulfureux peintre Fritjof Winther. Pour fuir les démons de ce passé très dur qui ont provoqué chez elle une addiction à la drogue et des troubles psychiatriques, Storm emménage dans une maison historique datant du 18e siècle avec deux colocataires, Janina et Leni.
Loin du havre de paix que Storm imaginait la maison devient le lieu d’événements de plus en plus terrifiants. Ces visions cauchemardesques sont-elles des hallucinations ?
Pour comprendre ce qui se passe Storm devra plonger dans l’histoire des habitants de la maison et communiquer avec ses fantômes. Dénouer les liens entre le passé sordide de ce quartier du vieux Hambourg, les persécutions de l’Inquisition Portugaise au 15e siècle et un être démoniaque dont l’origine pourrait bien se trouver dans sa propre histoire personnelle.

Nous avons dans ce roman une écriture incisive, des phrases courtes, ponctuées de mots abrupts. Ce langage est extrêmement bien choisi car il nous plonge directement dans cette ambiance lourde du mal. Bien que le début soit surprenant et prenne son temps sans qu’on ne comprenne vraiment où l’auteure souhaite nous mener, on finit par voir rapidement l’urgence de la situation. Nous nous retrouvons avec Storm au sein d’une colocation particulière. Déjà, nous avons ses deux « amies » avec qui elle créé des liens spéciaux, là aussi dans une ambiance chargée. On comprend vite que Storm a un passé sombre, dévorée par les monstruosités qu’elle a pu vivre, elle a une soif de vengeance. Mais, c’est avec beaucoup de surprise qu’on apprend rapidement qu’elle n’est pas la seule à avoir ce passif trouble et troublant. Toute la maisonnée semble empreinte à des douleurs qui d’un coté, nous montre qu’on a tous souffert de quelque chose, mais qui d’un autre, nous montre aussi la dure réalité de certains. Car oui, on a tous un vécu mais nous ne sommes pas tous tombés entre des mains funestes, des monstres qui construisent petit à petit des gens traumatisés quelle qu’en soit la manière.

Vous l’aurez compris, nous avons ici des personnages assez détaillés, à la vie difficile et aux angoisses nombreuses. Un état d’esprit collectif un peu bancal qui nous aide à dépasser cette notion « d’impossible » que l’on découvre au fil des pages. Nous sommes obligés, quand on est pris au jeu, de se demander ce qu’on aurait fait dans telle ou telle situation. Je me suis surprise à compatir sur un personnage par rapport à un évènement que je ne pensais même pas envisageable.

Du coup, nous sommes tiraillés, tiraillés entre compassion, désarroi et envie de vengeance, comme les personnages de cet ouvrage.
La plume de l’auteure n’y est pas pour rien… Elle nous fait passer assez facilement d’un sentiment à un autre en étoffant son écrit de dialogues qui nous ramènent à quelque chose de plus réel. Quelque chose qui nous permet un peu plus de s’identifier. Même si nous n’avons pas le vécu de ses personnages (oui parce que bon, ça reste un thriller fantastique, hein ?), nous arrivons par les faits et gestes de ces derniers à retrouver quelques petites notes du quotidien ou encore des réactions qui, au final, pourraient sembler quasi naturelles.

En parallèle, nous avons l’histoire d’une famille recomposée à la fin du XIX* siècle. Une famille vivant dans les quartiers pauvres de Hambourg. Quatre enfants, une mère isolée bouffée par les coups durs, un père décédé et… un homme qui arrive comme un cheveu sur la soupe pour remuer tout ce petit monde.Là encore, l’auteure a géré les contre temps. Elle a su trouver les mots justes pour qu’on n’en devine pas trop, trop vite. Le bon dosage est compliqué quand on compte les histoires en parallèle sur plusieurs époques.

D’ailleurs, j’en profite pour en venir à mon petit bémol : les différentes époques. Voilà, s’il n’y a qu’un souci qui a freiné ma lecture, ce fut le déroulé chronologique de l’intrigue. Pourquoi ? Parce que c’est une histoire à tiroir où les évènements nous sont dévoilés. En revanche, il y a donc l’époque de la famille de Benjamin, en 1893 et l’histoire de Storm, de nos jours. Sauf que l’histoire de Storm nous est comptée sur trois grands axes : le début de son adolescence traumatisante, sa vie de jeune femme avec un passé proche ET le présent. La transition entre passé proche et présent est parfois un peu floue. Non pas qu’on ne la comprenne pas, mais simplement qu’elle fait décrocher de la lecture pour faire rapidement le point sur quelle époque on se trouve.

Mis à part ce détail (car oui, ce n’est qu’un détail relevé par une lectrice qui se veut de plus en plus exigeante), cet ouvrage est bien sympa et m’a fait passer un très bon moment de lecture. Merci à Ombra éditions de m’avoir fait découvrir l’univers de Johanna Madsen.
Quelques scènes laissent un goût amer dans la bouche, voire laisse cette dernière un peu sèche : le ton abrupte de l’écriture et les horreurs que celle-ci décrit ne laissent pas de marbre, mais c’est souvent pour notre bien, parce qu’on aime bien ça nous, les trucs tordus ! 🙂

Profitant de mon dimanche sinistre pour bouquiner, on ne peut pas dire que cette lecture m’ait mis du baume au cœur : bienvenue dans la terreur 🙂
Un petit livre de 300 pages qui ne se lâche pas.

Bonne lecture à tous !

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